71 – « My name is Khan » de Karan Johar (05/26/2010)
Je ne sais pas si un seul homme pourrait sauver l’humanité (que les différentes religions me pardonnent) mais un seul homme pourrait suffire à la faire compter et lui redonner tout son sens.
Et c’est, je crois, le but de ce film : nous faire réfléchir sur le sens de nos actions, sur les objectifs que nous devons poursuivre.
C’est terriblement difficile de réduire ce film à une histoire d’amour, ou une histoire de valeurs, une réflexion sur la religion,… C’est tout cela à la fois. Il véhicule beaucoup de messages et je vais essayer d’en partager certains avec vous.
Karan Johar a vraiment réussi pour moi à mettre en lumière toutes les subtilités de ce qui nous rend humains : nos émotions.
Amour, joie, colère, haine, honte, pardon,…
Il les montre et nous les fait ressentir, nous pousse dans nos retranchements, oblige à affronter ce que l’on met souvent à distance.
Cela m’a bien sûr fait pleurer toutes les larmes dans mes yeux au moins deux fois (enfin, peut-être 3…).
Ici, pas de « numéro » dansant ni chanté, on mise sur l’humain avec un sens presque hollywoodien mais toujours une maîtrise de la justesse des émotions qui est bien plus sincère comme je l’aime dans le cinéma indien.
Nous renouons avec notre nature profonde.
Ce film traite, entre autres, de notre perception des autres. Que ce soit à travers le prisme de leur religion, de leur couleur de peau, de leur nationalité ou encore de leur sexe, nous souhaitons définir les autres au plus vite à partir d’expériences antérieures, de ce que nous avons entendu ou de notre « ressenti ». On oublie parfois de lui laisser la place d’exister simplement tel qu’il est, on lui refuse le droit de nous surprendre.
Rizwan est différent. Il a le syndrome d’Aperger et est innocent. Il accepte ce qui vient de l’extérieur sans filtre.
Il ne peut écarter aucune idée préconçue car ce n’est pas de cela qu’il est fait.
Il a appris très jeune qu’il n’y avait qu’une seule distinction à faire : ceux qui font de bonnes actions et ceux qui font de mauvaises actions.
Par conséquent, il ne cherchera qu’à faire le bien et à le faire au mieux de ses capacités.
Il est également conscient de ses faiblesses, donc ne blâme pas les autres pour les leurs, mais ne s’apitoie jamais sur lui-même.
C’est un modèle à bien des égards !
Le rôle de Mandira est également passionnant. Pleine de force et de joie de vivre, elle peut aussi être redoutable lorsqu’elle doit se battre. Elle peut aussi perdre de vue le but, mais elle apprend la valeur du pardon et en devient d’autant plus forte.
Le film traite de leur amour, de leurs épreuves, de ce qu’ils acceptent parfois pour avancer ensemble,…
On pourrait presque dire que tout le film est basé sur Love, celui de Rizwan, Mandira et Sameer. C’est l’Amour qu’ils portent qui sera la source de chacune de leurs actions, guidera chacun de leurs pas.
C’est un rappel, important à mon avis, que cela devrait toujours être le fondement sur lequel nous construisons et menons nos vies.
J’en viens au jeu d’acteur et je dois avouer que je reste bluffé face à la performance de Shah Rukh Khan.
Cela vous semblera sûrement biaisé par le fait que si j’ai commencé ce blog, j’ai regardé toute sa filmographie, ou si j’essaie de le rencontrer (Ah ça, je ne vous ai pas, après réflexion, dit avant… ( sourire)) c’est évidemment parce que je le trouve talentueux.
Oui mais non ! Eh bien, bien sûr, mais pas seulement.
Je reviendrai sur mes motivations plus tard mais je garde, n’en déplaise à certains, une certaine objectivité. (J’aime au moins le croire). Aussi, si je dis que je suis resté bluffé, c’est bien car j’ai été vraiment bluffé.
Surtout après avoir vu autant de films mettant en scène le même acteur, il peut arriver que vous vous laissiez tranquillement emporter par le flot et ne prêtiez plus attention à ce qui fait l’identité de chaque histoire, de chaque personnage.
Mais ici, SRK s’est complètement retiré au profit de Rizwan. J’avoue même avoir eu du mal à le reconnaître au début.
On découvre ici non seulement un autre personnage et une histoire pour le moins singulière, mais aussi tout un univers.
SRK a su intérioriser son jeu et laisser s’exprimer toute l’ingéniosité et la force psychologique de son personnage.
J’ai rarement vu d’aussi bonnes performances mais celle-ci est à la hauteur, pour vous donner une référence plus proche, à Dustin Hoffmann dans Rain Man.
Quant à Kajol, elle est toujours un trésor de sincérité, d’émotions intensément vécues, et je suis toujours absorbé quand elle apparaît à l’écran. J’ai rarement vu une telle profondeur dans la prestation des actrices actuellement en tête d’affiche d’Hollywood, mais,
elle reste la reine de Bollywood en ne filmant que très peu cependant au grand désespoir de beaucoup (je recommande aussi fortement « Tribhanga » ! C’est un bijou produit par Netflix et donc facilement disponible !).
Puisque je prends le temps de citer les comédiens adultes, n’oublions pas de saluer le travail remarquable des jeunes comédiens, notamment ceux qui incarnent Khan et Sameer. Extrêmement justes dans leur jeu, ils savent apporter toute la fraîcheur et le sérieux de leurs rôles respectifs. Je tiens à les remercier ici !
Enfin, j’admire le travail de Karan Johar. Des sujets aux choix de ses réalisateurs, je pense que j’aurai de nombreuses occasions dans les prochains mois de vous recommander de suivre son travail et de découvrir ses films !
Je ne m’éterniserai pas mais je vous demande simplement de découvrir ce film au plus vite. En cette période un peu… compliquée, c’est peut-être le bon moment pour renouer avec nos émotions, questionner nos objectifs et motivations, retrouver notre humanité dans notre quotidien !
Prends soin de toi !