février 7, 2021
décembre 15, 2021
3 – « Raju Ban Gaya Gentleman » de Aziz Mirza (13/11/1992)

« Raju Ban Gaya Gentleman » est le premier film qui aurait dû sortir au cinéma.
SRK y tient le rôle-titre Raj Mathur et nous le suivons dans ses rêves de grandeurs à Bombay. Il est accompagné pour la première fois de Juhi Chawla, alias Renu, avec qui il formera sur plusieurs films l’un des couples les plus appréciés du publique grâce au naturel et à la sympathie qu’ils dégagent.
On y voit également Nana Patekar dans le rôle de Jai qui, pour moi, est la clé de voûte du film.
Toute l’idée du film tient, selon moi, à comprendre ce qu’il faut savoir mettre de côté mais aussi ceux dont on doit s’entourer et les valeurs à choisir ou conserver lorsque l’on veut réussir sa vie (et non réussir « dans la vie », ce qui fait une énorme difference).
Pour devenir le grand ingénieur qu’il souhaite, Raj doit donc quitter son Darjeeling natal et ses amis d’enfance pour aller à Bombay et chercher un travail dans une grande entreprise.
Apres quelques déboires, il finira par être embauché dans un grand cabinet d’architectes mais cela ne se passe pas exactement comme prévu.
Pots-de-vin et malfaçons deviendront vite son quotidien et on voit le jeune homme innocent de départ s’enfermer dans ce monde déconnecté car observant le monde (et les ouvriers) de bien trop haut pour en apercevoir toute l’humanité.
Pourtant, en arrivant à Bombay, Raj est un jeune homme plein d’espoirs et très proche de son dieu (auquel il s’adresse avec la plus grande sincérité et candeur) et est très vite entouré d’amis fidèles et pragmatiques, tombe amoureux d’une jeune femme intelligente, gentille et aux goûts plus simples, bref : des gens biens !
Je vous laisse découvrir par vous-même les bons et mauvais choix de Raj et vous faire votre propre idée de ceux qui aurait ou non pû être fait.
De mon côté, voilà ce que je souhaite retenir du film :
Tout d’abord, le couple SRK Juhi
Leur fraîcheur et leur naturel attire immédiatement la sympathie. On sent l’amitié forte qui a lié très rapidement ces deux acteurs et l’on apprécie sans pouvoir s’empêcher de sourire l’énergie qu’ils amènent dès qu’ils apparaissent à l’écran.
Cela met d’autant plus en valeur la seule scène un peu « érotique » (oui, en la voyant, vous comprendrez que je m’emballe vite) : la chanson « Kehti hai Dil ki lagi » (= »Le cœur dit ») où l’on voit le classique ballet amoureux (pas seulement dans les films indiens pour le coup mais sûrement plus courant) du jeune homme épris de désir face à une jeune femme qui tente tant bien que mal de s’accrocher à ces principes.
Rien ne paraîtra à l’écran et on doute que quoique ce soit se passe entre-eux après ce moment mais tout est dans la suggestion et c’est appréciable (surtout si l’on est un peu lassé du fast-food de sentiments et de scènes osées Hollywoodien).
Cela me permet de faire la transition avec un autre point fort du film : sa musique !
Il y a ainsi quelques morceaux qui devraient vous rester en-tête au moins quelques heures (s’il vous plaît, dites-moi que je ne suis pas seule dans ce cas-là !! Sourire) comme la chanson-titre « Raju Ban Gaya Gentleman » (= Raj est devenu un gentleman) qui est une célébration de l’accomplissement de Raj face à son rêve (cela intervient après son embauche) et « Kehti hai Dil ki lagi » évoquée plus haut. Mais je citerais aussi « Loveria hua » (= « Il a attrapé la maladie d’amour » malaria/loveria…vous l’avez ? rire). Très entraînante, cette musique vient illustrer l’aveu de Raj et Renu de leur amour devant tout leur quartier. C’est un morceau plein de rires et d’engouement très communicatif !
Enfin, je pense que l’on devrait porter bien plus d’attention au rôle de Nana Patekar qui joue avec brio ce que je qualifierait de bonimenteur bienveillant (loin des escrocs que l’on aurait en-tête mais c’est un terme galvaudé par les siècles, les bonimenteurs remontants au Moyen-âge). Celui-ci a à coeur de donner, contre quelques pièces, de précieux et avisés conseils à tous les (plus ou moins jeunes) gens qui viennent l’écouter et cherchent leur place dans cette immense, bruyante et porteuse de rêves ville de Bombay.
Ses leçons ponctuent régulièrement le film, il y démontre un charisme qui traverse l’écran, et nous sommes nous aussi fascinés par l’acteur (Et oui, le 4ème mur est brisé au départ de manière suggérée en nous mêlant à la foule des badauds mais c’est clairement une volonté du réalisateur car, en fin de film, nous avons même le droit à un clin d’oeil caméra !).
Sans lui, le film n’aurait probablement pas la même portée mais c’est lui qui pointe les égarements et mauvais calculs de Raj, lui qui lui fait prendre conscience du droit chemin (malgré des tentatives très louables de Renu), et enfin toujours lui qui l’aidera à le poursuivre.
Bref, comme je le disais en introduction : pour moi, la clé de voûte du film !
Enfin, avant de conclure, permettez-moi de mettre en avant Amrita Singh, délicieuse et intègre Sapna, étant innocemment tombée amoureuse de Raj et l’ayant porté très (trop !) rapidement au sommet sans malheureusement comprendre ce qui l’y attendrait.
Elle sera tout de même son amie jusqu’au bout, même après s’être vue repoussée, et je trouve que son rôle est plutôt intéressant.
Avant de vous laisser, permettez-moi un petit aveu : si vous êtes allergiques à la musique indienne telle que vous en avez le cliché, il est possible que vous ayez un petit temps d’adaptation.
Alors, voici mon conseil : vous avez l’intention de la scène dès les 3 premières phrases de la chanson (souvent même avant) donc ne vous forcez pas ! Il n’y a aucun mérite ni aucune médaille à avoir serré les dents 5 x 6 minutes (j’exagère à peine) et cela risquerait de vous gâcher le reste. Nous sommes sur un film des années 90. Toutes les musiques sont donc créées pour transmettre une idée et non faite avancer le scénario. Passez les si vous ne vous en sentez pas, vous ne perdrez rien de l’histoire.
C’est dit !^^
Maintenant, je vous laisse apprécier cet Aladdin des temps modernes : « un diamant d’innocence » qui perd un peu le Nord mais guidé par le Génie vers sur le droit chemin !
Bon film !